Alousseni Sanou: Malikurataasira : “La mobilisation et le dépassement des recettes par les services assiettes en 2023 sont dus à toutes les réformes mises en œuvre
“L’économie malienne est très solide et la signature du Mali est encore très respectable…” Le ministre de l’Economie et des Finances, Alousseni Sanou était l’invité de Yaya Konaté dans l’émission Mali Kura Taasira de l’ORTM. Au cours de l’émission, le ministre a parlé de la cherté de la vie des Maliens et de l’économie malienne. Nous vous proposons un extrait !
Donnant son point de vue sur le sentiment de la cherté de la vie des Maliens, le ministre a reconnu qu’il a l’habitude d’entendre de la part du commun des Maliens que les temps sont durs.
Aux dires du ministre, cela peut s’expliquer de plusieurs manières. “La première explication est que nous vivons dans un monde interconnecté. Ce qui fait que nous vivons des événements à 10 000 kilomètres de nous et qui ont des impacts sur l’économie malienne. Donc, toutes choses qui font que nous avons une inflation importée du fait de la crise entre la Russie et l’Ukraine. Inflation importée du fait de toutes les modifications géopolitiques importantes dans le monde. La dernière avant cette crise étai la Covid-19 qui a rendu chers tous les produits de première nécessité, notamment le sucre, l’huile alimentaire, tous les produits que nous importons. Egalement, nous avons vécu une situation où le transport, le transit de toutes ces denrées étaient également chers.
J’ai l’habitude de dire qu’un conteneur qui coûtait habituellement dans les 15 000 dollars a coûté récemment plus de 27 000 dollars américains. Ce que tous les pays ne pouvaient pas faire. Et nous avons que des pays comme les Etats-Unis qui avaient leur marché intérieur qui s’asséchait ont tourné carrément l’essentiel du commerce mondial vers leur pays. Mais, il faut reconnaître que le Mali s’en est très bien sorti malgré que la vie soit devenue chère. Parce que le gouvernement du Mali (sous le leadership du Premier ministre Dr. Choguel Kokalla Maïga et sous les orientations du président de la Transition, le colonel Assimi Goïta) a mis en place un Plan d’action.
Tout ce que nous devons faire, toutes les décisions que nous devons mettre en œuvre, nous devons veiller à ce qu’elles impactent la vie des Maliens. Ce qui a fait que nous avons essayé d’améliorer les revenus à travers les discussions que nous avons eu avec les différents syndicats (que je remercie et salue). Parce que quand on parle de vie chère, on parle du pouvoir d’achat qui est un revenu, qui est un coût, qui est le prix de vente. Avec ces syndicats, il y a eu des augmentations de revenus assez conséquentes. Dans les années 2000, 2021, nous avions une masse salariale autour de 100 milliards F CFA. Et aujourd’hui, cette masse salariale est de plus de 1100 milliards F CFA.
Non seulement nous avons voulu améliorer le niveau de revenu, nous avons également essayé de réduire le prix de vente de denrées alimentaires en essayant d’inflamanter des mesures de réduction des prix de vente de ces denrées. Cela passe donc par la réduction de la base taxable en importation de certains produits comme le sucre, l’huile alimentaire, les intrants agricoles, etc. Et le coût de ces réductions annuelles avoisine les 147 milliards F CFA. Ce sont les subventions que nous faisons pour que les prix des denrées puissent être acceptables et permettre aux Maliens d’accéder à ces produits. Depuis 3 ans, le Mali a l’un des taux d’inflation les plus bas de la sous-région.
Quand le Mali avait un taux d’inflation de 2,1 % en 2022, la moyenne de la sous-région était à 4,5 %. Donc, c’est pour dire que le Mali a fait un effort supplémentaire. Dans les politiques et stratégies, nous avons bien veillé à ce que les différents chocs internationaux puissent être amortis. Cela, sans compter tous les impacts des crises avec la Cédéao et l’Uémoa. Il faut aussi rappeler que nous avons eu à faire un paiement important de la dette intérieure. Parce que le même temps, il fallait veiller à ce que les entreprises puissent également recevoir des fonds importants pour que l’économie puisse continuer à circuler.
De juin 2022 jusqu’au 31 décembre 2023, l’Etat a eu à payer plus de 1100 milliards FCFA de dettes intérieures aux fournisseurs. Toutes les choses qui peuvent permettre de faire tourner les ressources entre les agences économiques permettant ainsi à chacun de pouvoir faire face aux difficultés.
Sans compter tout ce que nous avons comme subventions sur les produits de santé ou certaines activités de la santé comme le paludisme, les césariennes, etc. Donc, il y a une panoplie de mesures que nous avons eu à faire”, a-t-il exposé.
Le ministre Alousseni Sanou a aussi informé que le Mali a eu un taux de croissance de l’ordre de 4,7 % en 2023. Ce qui, selon lui, est un chiffre provisoire qui sera dépassé à 5,1 % en 2024. Il a fait remarquer que le taux de croissance dans une crise devrait raisonnablement s’accompagner par le creusement du déficit budgétaire. Parce qu’à ses dires, pour pouvoir relancer la croissance dans un temps où tout le monde a besoin d’appui, il faut nécessairement que le gouvernement engage des dépenses qui ne vont pas forcément relancer la croissance.
“Mais, dans le même temps, nous sommes arrivés à obtenir un taux de déficit budgétaire qui va à la baisse. Nous étions à 5,5 % en 2020. Nous sommes allés à 4,9 % en 2021, 4,7 % en 2022. Et en 2023, nous à 4,5 %. Ce qui veut dire qu’il est vraiment remarquable de non seulement maîtriser le déficit et arriver toujours à donner une certaine croissance à notre économie. Nous avons également l’un des meilleurs taux de chômage dans la sous-région. Quand nous comparons, le Mali est toujours à un taux inférieur au taux de la sous-région.
Nous sommes à un taux 6 % par exemple en 2022 quand la sous-région était à 7,5 %. En 2023, le Mali avoisine le 5,5 % quand la sous-région est à 6 %. Le Mali fait toujours un effort de relance de nos entreprises publiques et pour améliorer le climat des affaires. Ce sont des actions comme ça qui tendent à assurer un certain niveau d’emplois dans notre pays”, a-t-il ajouté.
Au-delà de ces mesures, le ministre a fait savoir que l’économie malienne est restée résiliente. Pour cela, il a salué l’ensemble des Maliens pour leur soutien, leur résilience et leur compréhension. Parce que, à son entendement, tout ce qui a été fait l’a été grâce à la croyance et à l’engagement des Maliens. Il a demandé aux Maliens de continuer à soutenir le gouvernement de la Transition dans ce sens.
“Selon le FMI, le Mali a une économie très résiliente, une économie qui s’améliore”
Evoquant le regard extérieur sur la performance économique du Mali, le ministre a dit que le Mali est un pays qui est suivi par beaucoup de structures, beaucoup de pays. “Le Mali est devenu aujourd’hui un enjeu non seulement à cause des positions que nous avons voulu bien défendre, c’est-à-dire la souveraineté du pays, le choix stratégique de nos partenaires et toutes les décisions allant dans le sens de l’amélioration de la vie des populations.
Donc, nous sommes engagés et la population nous accompagne. Nous avons eu à obtenir une évaluation du Fonds monétaire international (FMI) dont le rapport est diffusé sur son site et tous les sites. Le FMI trouve que le Mali a une économie très résiliente, une économie qui s’améliore. Tous les indicateurs macroéconomiques, les indicateurs de gestion budgétaire du Mali sont tournés au vert. Le FMI pense que le Mali est un pays avec lequel il va poursuivre ses relations.
Nous avons eu une revue de la Banque mondiale au cours de laquelle cette banque a donné son sentiment sur tout ce que nous avons eu à faire. Je rappelle par exemple qu’au courant de 2023, nous avons signé 28 projets pour un coût total de 536 milliards F CFA sans compter les 500 milliards F CFA que la BID nous accordés dans des secteurs bien définis. Ce qui veut dire que les bailleurs de fonds ont confiance au Mali.
Le Mali a régulièrement fait des émissions de titres publics. Cette année, nous avons fait 1095 milliards F CFA de mobilisation de recettes sur le marché. L’année passée, c’était à peu près 1012 milliards. Ce qui veut dire que la signature du Mali est encore très respectable.
L’économie malienne est très solide. Les investisseurs sont en train de venir au Mali. Et c’est au Mali de choisir avec quel investisseur il veut travailler. Parce que le Mali est un peu comme la Chine. Toute cette croissance que nous sommes en train de faire est tirée par les activités intérieures. C’est le marché intérieur est en train d’entraîner cette croissance.
Le Mali a beaucoup de possibilités d’exportation, le Mali a beaucoup de possibilités en termes de ressources minérales qui permettront dans l’avenir d’assurer des investissements importants et conséquents dans les secteurs tels que l’énergie, les transports, les Ntic pour pouvoir assurer un maillage équilibré du territoire permettant à tous les investisseurs étrangers de s’installer. Mais nous avons dit qu’il y a des secteurs qui doivent rester dans le domaine stratégique de l’Etat comme l’énergie, les transports, etc. En dehors de ça, nous pouvons recevoir tout type d’investisseurs étrangers.
En tout cas, le Mali est un pays qui attire non seulement à travers la stabilité du système juridique fiscal, à travers la lutte contre les mauvaises pratiques, à travers un climat des affaires qui est en train d’être plus serein et à travers les différents Codes qui sont en train d’être revus, le Code pénal, le Code des investissements, le Code des mines, etc. Tout cela est fait pour assurer aux investisseurs que le Mali est une destination sure et rentable”, a-t-il avancé.
“Le dépassement des recettes par les services assiettes en 2023 est du à des réformes”
Sur le bon résultat de la mobilisation des recettes par les services assiettes de l’Etat en 2023, le ministre a fait savoir qu’en début d’année lorsque le budget est élaboré, il y a la recherche d’un équilibre dans lequel les services d’assiettes viennent en dernière position. “C’est lorsque nous avons fini d’arbitrer sur les dépenses que nous retournons vers ces services pour leur dire les recettes qu’ils doivent atteindre. Chaque année, nous voyons que ces services assiettes arrivent à dépasser les recettes. Entre 2021 et 2023, nous étions à des taux de 100 %, 100,1%, 100,5 %. C’est le lieu de remercier ces soldats de l’économie de ces services. Ces résultats sont dus à toutes les réformes mises en œuvre dans les domaines du cadastre, de la douane avec des systèmes de sélectivités en place, au niveau des Impôts avec le système de télépaiement, télésurveillance et télé-déclaration. C’est dans le cadre de ces réformes que nous arrivons de plus en plus à atteindre nos objectifs de recettes. Parce que les personnes sont mobilisées, engagées”, a-t-il indiqué.
“Dans le budget 2024, les dépenses de sécurité sont en très bonne place…”
Parlant du Budget de l’Etat 2024 qui a franchi les 3000 milliards F CFA, le ministre Alousseni Sanou a expliqué que le budget est la traduction de la volonté politique. “La structure même du budget permet de comprendre les orientations que le gouvernement veut donner ou imprimer à la conduite de l’action publique. Dans le budget, les dépenses de sécurité sont en très bonne place dans le budget 2024 après toutes les dépenses liées à la refondation ou réforme, à la Justice, à la Diplomatie. Aujourd’hui, le Mali est à un carrefour avec des choix stratégiques qui nécessitent des actions vigoureuses dans des domaines prioritaires que nous visons. Dans le même temps, nous ne ménageons pas nos efforts par rapport à tous les appuis qu’il faut mettre le secteur industriel, des secteurs productifs. Nous avons un budget des investissements qui est assez important et qui augmente. C’est à travers ces différents budgets que nous arrivons à relancer toutes les entreprises maliennes qui étaient en difficultés comme l’UMPP, la Comatex, EDM-SA, OMH, la Sopafer qui ont reçu des accompagnements de l’Etat. Ce qui permet aujourd’hui d’assurer le travail des agents et d’assurer un service à la population.
Et troisièmement, d’assurer une certaine indépendance. Ce sont des secteurs où l’Etat a nécessairement besoin d’exister pour assurer une certaine indépendance et réduire l’impact des exportations sur sa balance commerciale.
Chaque année, nous essayons d’améliorer nos appareils de productions internes pour exporter beaucoup plus et éviter d’importer”, a dit le ministre.
Répondant à la question si les subventions vont continuer, Alousseni Sanou a déclaré que ces subventions ont vocation d’être utilisées en cas de nécessité. “Il n’y a pas de subventions que nous allons faire tous les ans. Je ne peux pas dire qu’il n’y aura pas de subventions. Que Dieu nous en garde. Quand il y a des événements exceptionnels dans un pays, l’Etat doit venir en renfort à la population parce que l’Etat est là pour la population. Nous ne travaillons que pour l’intérêt de la population. S’il y a des crises majeures qui affectent une partie de la population, nous sommes obligés de faire des subventions. Mais cela ne veut pas dire que nous allons prévoir régulièrement des subventions”, a précisé le ministre Alousseni Sanou.
Siaka Doumbia
Aujourd’hui-Mali