Afri’actu : La stabilité par l’alternance l

C’est grâce au soulèvement populaire dans les années 90 que la quasi-totalité des pays africains ont conquis la liberté d’expression et connu le multipartisme intégral. Les Constitutions avaient limité les mandats présidentiels à, au plus, deux. Des élections organisées ont permis l’alternance dans certains pays.  Mais, trois décennies après, le constat est triste : les acquis, généralement au prix du sang, se désagrègent progressivement.  Comme au Congo-Brazzaville, en Guinée-Conakry, en Côte d’Ivoire, au Togo, Tchad…. ! Leurs présidents s’opposent à toute passation du pouvoir par la voie des urnes, bien que certains y soient arrivés par la voie démocratique.

Cette phobie de l’alternance est même devenue virale chez de nombreux chefs d’Etat africains. Dont les thuriféraires, rien que pour préserver leurs sordides privilèges, font d’eux des Hommes providentiels devant occuper à vie leur fauteuil. Ces Chefs d’Etat ont modifié leur Constitution à cette fin.

Détenteurs ainsi de tous les leviers du pouvoir, ils gagnent tous les scrutins. Si dans certains cas, les oppositions glanent quelques sièges au Parlement, ils sont ailleurs contraints d’animer le jeu politique par la voie extraparlementaire : dans la rue par des manifestations parfois très violentes. Un pouvoir qui a la phobie de l’alternance par les urnes ne peut accepter qu’elle survienne par une insurrection populaire et réprime presque toujours ses manifestants.

Toutefois, un  pouvoir reposant sur la force est à la merci d’une plus grande force, ce qui plonge ses détenteurs dans une insécurité psychologique et l’obsession des complots réels ou imaginaires, sources d’abus et fatalement de résistances.  Rousseau  nous enseigne  que «Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir ». Or,  par la mise en place consensuelle et le respect par toutes  les tendances politiques des procédures de prise, d’exercice et de cession du pouvoir, aucun pays ne  peut échapper à la déstabilisation.  L’alternance  du pouvoir par  la voie des urnes devient donc le seul gage de la stabilité d’un Etat. Elle permet  d’assurer la stabilité politique autant chez les gouvernants  qui n’ont pas peur de quitter le pouvoir  que chez les gouvernés.

Source : Le Challenger

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