3 Questions à l’analyste Bagui Diarra sur le référendum du 18 juin
Le référendum est prévu le 18 juin 2023. Cette date est-elle tenable ? Peut-on affirmer que toutes les conditions vont être réunies avant la date butoir ? Et l’incidence sur les autres élections annoncées ? Nous avons donné la parole à l’analyste Bagui Diarra pour cerner les contours de ces interrogations. Entretien à bâton rompu…
Pensez-vous que la date du 18 juin est tenable?
La date fixée peut-être être tenable si et seulement si : a) les autorités parviennent à mobiliser les parties prenantes (classe politique, société civile et partenaires) pour s’entendre sur le périmètre et les ambitions objectifs de cette élection référendaire en intégrant l’analyse des défis essentiels comme la situation sécuritaire, la présence de l’administration, l’accessibilité large des cartes biométriques par les électeurs, l’installation et opérationnalisation de l’AIGE dans les circonscriptions électorales, les listes à jour, etc. Cela aboutirait à disposer d’un cadre consensuel d’organisation et de suivi de l’élection référendaire et qui permettrait de fixer les implications spécifiques de chaque partie prenante ; b) des dispositions urgentes et rigoureuses sont déjà définies pour le déploiement effectif de l’ensemble de la logistique nécessaire (localisation bureaux de vote, matériels de vote, membres bureaux de vote, équipes de supervision ou d’observation, etc.); c) le ou les type (s) de carte nationale qui sera ou seront utilisée(s) et le type de vote (électronique ou non) sont entendus entre les autorités acteurs parties prenantes ; d) les autorités au delà de la fixation œuvre urgemment à la forte inclusivité du cadre national d’organisation du référendum. Sinon, le référendum resterait dans son concept global au regard de la constitution en occurrence le vote direct de l’ensemble des électeurs et la circonscription électorale étant le territoire national. Ce qui pourrait engendrer des risques de contestations à la suite des élections pouvant contribuer à renforcer l’instabilité sociopolitique et ses répercussions directes sur l’organisation sécuritaire en cours. Aussi, la date fixée peut-être tenable lorsque les autorités et alliés comptent sur l’admiration populaire en faveur du Président de la transition pour dérouler la machine électorale comme d’habitude en organisant l’élection sans consensus conséquent et faire gagner le OUI. Dans ce cas, une rupture de confiance pourrait s’installer avec certains acteurs et pourrait accroître l’instabilité sociopolitique au détriment de la mobilisation pour les autres réformes qui suivront.
Est-ce que l’on peut affirmer que toutes les conditions sont ou seront réunies avant le jour J ?
A priori, je ne pourrai affirmer que toutes les conditions sont réunies pour respecter la date fixée. Car à mon avis, il est évident que des défis majeurs demeurent pour permettre le vote direct de l’ensemble des électeurs sur la base d’une liste d’électeurs à jour à l’échelle du territoire national. Alors ne sachant pas les dispositions en cours ou prévues pour circonscrire et adresser ces défis, je ne pourrai affirmer que les conditions sont ou seront réunies pour respecter la date et réussir l’élection.
Et l’incidence sur le calendrier des autres élections ?
Si le référendum est organisé et réussi dans une entente large ou nationale à la date fixée, ce que je souhaite pour mon pays, ce serait le top départ pour les réformes politiques et institutionnelles prévues. C’est ensuite, à mon avis que le calendrier des autres élections pourrait objectivement subir une incidence afin de consacrer des élections jugées fondamentales et respecter la fin de la transition pouvant être qualifiée de réussie. J’espère avoir apporté par mes réponses une plus value. Meilleures salutations et bon dimanche !
Propos recueillis par A.M.C. pour maliexpress.net